La petite A., c’est une petite fille brune avec des dents de lapin et un doudou dans la main, elle a eu trois ans en janvier, et elle ne voyait plus son père depuis ses deux ans. En tout, la séparation a duré dix huit mois.
Dix huit mois.
Je pense qu’il a compté les jours, les heures et les secondes, Olivier C. qui venait gémir sa rage impuissante dans mon bureau, à moi qui était aussi impuissant que lui.
Flash back.
Finalement ce n’était pas la femme de sa vie, mais la petite A., par contre, sa fille, sa tripe, son amour, c’était un cadeau du ciel. Lorsqu’ils se séparent en 2013, le bébé va résider chez sa mère, mais Olivier peut voir sa fille quant il veut, et il ne s’en prive pas, de venir respirer l’odeur de lait et de transpiration légère de son bébé.
Et puis, la maman décide de mettre quelques centaines de kilomètres entre eux. Mutation professionnelle ? Exigence impérieuse ? Que nenni ! Juste ce désir pervers de séparer, éloigner, tuer en somme cet homme qu’elle n’aime plus et dont elle dénie jusqu’à la paternité.
A Albi, nous sommes jugés par un magistrat indifférent qui trouve la décision de la mère tout à fait justifiée et maintient la résidence de la petite fille chez elle, accordant toutefois au père le droit de visite et d‘hébergement dit « classique », deux week-end par mois, le célèbre droit de visite classique du père, quatre jours sur trente et un….quatre vingt seize heures sur vingt mille cent quatre vingt quatre, une horreur.
Et c’est encore trop !
Voilà la mère, insatisfaite, qui relève appel pour supprimer purement et simplement ce droit de visite.
Ce père, elle veut avoir sa peau.
Alors elle décide de porter plainte pour des attouchements sexuels dont il sera démontré qu’ils sortent de son imagination mais dont elle se sert pour refuser désormais au père tout contact avec l’enfant.
Porter plainte, oui, mais où ? Les cruchots ne sont pas compétents parce que la mère vit en ville. Les flics ne sont pas compétents parce que la mère vit à présent à la campagne. Allons à Béziers ? Trop tard, lui dit un fonctionnaire indifférent, elle est partie à Narbonne. Allons à Narbonne ? Trop tard, elle est à Castres.
Il faut saisir le Juge des Enfants. Lequel ? Trop tard, nous dit une magistrate indifférente à Narbonne, elle est repartie. Il faut transmettre les pièces du dossier à Albi. Ou a Castres. Ou à Béziers…
Et les jours passent, et les mois.
Le 16 Décembre 2015 enfin une bonne nouvelle. La Cour d’Appel de TOULOUSE vient de trancher et a heureusement réformé la décision rendue par la justice Albigeoise. Prenant acte du comportement de la mère qui a « pris la décision de façon unilatérale, d’éloigner l’enfant de son père (…) démontrant par là même qu’elle n’est pas en mesure de respecter les droits de l’autre parent », la cour fixe la résidence habituelle de la petite fille au domicile de son père.
Olivier C. n’a pas vu sa fille depuis le mois d’Avril.
Il espère alors passer le Noël avec la petite A. qui va avoir bientôt trois ans. Après tout, la décision qui vient d’être rendue est exécutoire. Elle est rendue au nom du peuple français et à la fin il est marqué que tout officier public doit prêter la main à son exécution !
Enfin en théorie.
Là ce sont les fêtes.
Les greffes en congé, les cruchots et les flics en effectifs réduits, et on n’a pas que ça à faire, laisse-t- on entendre à Olivier C. d’un ton indifférent.
Lui vient me voir, encore et encore, que fait l’huissier chargé d’exécuter la décision ?
Ah oui, c’est vrai que fait-il ? Ah c’est compliqué… la mère est vindicative et elle bouge tout le temps, et surtout elle refuse de rendre l’enfant, il faut demander l’avis du parquet.
Et le parquet ne répond pas. Pas le temps sans doute. Plus facile d’emmerder le conducteur du dimanche à 122 au lieu de 110, et celui qui a pas payé son crédit à la banque.
Je décide de déposer plainte le 16 Mars 2016 pour enlèvement parental d’un enfant mineur.
La plainte est déposée à Albi, mais, nous explique un greffe indifférent, il va falloir la transmettre à Béziers. Ou à Castres. Ou à Narbonne. Ou à Pétaouchnok ? !
Entre temps, Olivier C. a retrouvé la mère, mais elle est dans un camp de gitans, endroit de non droit où ni les huissiers, ni les cruchots, ni les flics ne veulent aller.
Ouh la la ! Pas envie de se faire fracasser la tête pour une gamine ! C’est mieux de faire fermer les bars qui mettent la musique trop forte, ou de prendre la tête aux malheureux qui ont un mois de loyer en retard.
J’écris, je relance, j’essaie de secouer la masse indifférente des gens chargés de faire respecter toutes les Lois et toutes les décisions de Justice et que je vois sourds muets et aveugles aux suppliques d’Olivier C.
L’été arrive.
Où est la petite A. ? Est-elle encore en France ? Est elle vivante au moins ?
Je discute un jour avec une Journaliste de France 3 qui est intéressée par le sujet.
Rendez vous est pris le 23 Septembre pour une interview, mais le 20 Septembre après midi, coup de fil, ca y est, miracle, l’enfant a été récupérée, la mère est actuellement en garde à vue, elle sera convoquée devant le Tribunal Correctionnel pour enlèvement.
Cette synchronicité pourrait passer pour quasiment miraculeuse, mais je dois à la vérité de dire qu’elle est bien plus triviale.
Préparant son sujet, la journaliste de la télé a essayé d’avoir la version du Procureur de la République de Béziers sur la question, et a donc appelé le Parquet de Béziers le 20 Septembre au matin.
Personne n’a voulu faire de commentaire, mais la grosse masse molle et indifférente de la Justice sait se protéger…
On imagine une main indifférente passant vite fait un coup de fil, allez récupérer cette gamine que ça va la foutre mal a la télé.
La petite A est là, dans mon bureau avec ses dents de lapin, son doudou et son papa, et je sais qu\’avec mes assignations, mes plaidoiries, mes lettres, tous les kilomètres que j\’ai fait, je n\’y suis vraiment pour rien. C\’est la peur du scandale, juste ça, qui fait qu\’on la lui a rendue.
Envie de vomir.