CITY OF POROS

A partir du lundi 27 Février prochain, la Cour d\’Assises spéciale de Paris va poser la dernière pierre de l\’interminable – et il faut le dire bien décevante – procédure criminelle mise en œuvre à la suite de la catastrophe dite du \ »CITY OF POROS\ ».

Le 11 juillet 1998 à 8 heures 30, 471 vacanciers montaient à bord du navire « CITY OF POROS » amarré en rade du port du Pirée pour une croisière d\’une journée dans le golfe de Salonique.

L\’embarquement s\’opérait avec des billets non nominatifs, l\’identité des passagers n\’étant pas relevée et leurs bagages non fouillés et les mesures de sécurité étaient totalement inexistantes, comme elles le seront sur les îles d\’Hydra, Poros et Egine, lieux d\’escale du navire (les billets ne seront même pas contrôlés sur les ports d\’escale, permettant à d\’éventuels nouveaux passagers d\’embarquer)

Le navire ayant quitté sa dernière escale, l\’île d\’Egine, vers 18 heures 10, amorçait son retour vers son port d\’attache.

A 18 heures 45, un ou plusieurs individus présents sur le pont supérieur du navire (le Bridge Deck) se mettaient à tirer sans discernement au pistolet-mitrailleur en direction des passagers et des membres d\’équipage.

Une grenade était lancée au pied de l\’escalier reliant le pont supérieur et le pont intermédiaire où elle explosait, explosion suivie d\’une nouvelle rafale de pistolet-mitrailleur.

Une bombe incendiaire était également jetée près du poste de pilotage et de la cheminée principale du navire, suivie d\’ultimes rafales de pistolet-mitrailleur.

Un incendie se déclarait et ravageait tout le pont supérieur du bateau, tandis que le plafond du salon cafétéria (situé sur le pont intermédiaire – le Boat Deck – et juste en dessous du poste de pilotage) s\’effondrait sous la déflagration et amplifiait le mouvement de panique.

Plusieurs personnes se jetaient à l\’eau, qui seront secourues par des navires témoins du drame.

Neuf personnes étaient tuées, dont trois touristes de nationalité française, et une cinquantaine de passagers blessés (dont 21 français) soit par balles, soit par projection d\’éclats, soit par brûlures.

Le même jour à 14 heures 40, à proximité du ponton d\’amarrage du navire « CITY OF POROS », un véhicule de marque « NISSAN SUNNY » explosait, provoquant la mort de ses deux occupants.

L\’enquête établissait le lien entre les deux événements.
De laborieuses investigations vont alors être menées – le magistrat instructeur pourra se rendre sur les lieux plusieurs mois seulement après les faits compte tenu de la mauvaise volonté manifeste du Gouvernement Grec de l\’époque à coopérer – aux termes desquelles quatre personnes sont renvoyées devant la Cour d\’Assises en leur absence, les mandats d\’arrêts internationaux lancés en 1992 étant restés infructueux.

Si le surlendemain de l\’attentat 13 juillet 1988, dans un communiqué diffusé à Beyrouth, l\’« Organisation des Martyrs de la Révolution Populaire de Palestine », inconnue jusqu\’alors, revendiquait l\’attentat, l\’instruction allait démontrer l\’implication du « Fatah Conseil Révolutionnaire », également connu sous le nom de « groupe ABOU NIDAL » connu pour avoir commis l\’attentat de la rue des Rosiers à Paris le 9 août 1982, l\’explosion de l\’avion de la GULF AIR assurant la liaison Karachi – Abou Dhabi le 23 septembre 1983, l\’attentat contre « le Café de Paris » à Rome le 16 septembre 1985, l\’attentat contre le comptoir de la compagnie aérienne EL AL à Rome le 27 décembre 1985 ou encore le détournement de l\’avion de la PAN AM effectuant le trajet Bombay – New York le 5 septembre 1986…

Cette déjà très longue instruction achevée en 2004, faudra encore attendre huit nouvelles années pour que se joue enfin l\’épilogue pour les très nombreuses victimes de cette tragédie.
Force est pourtant de constater que la Cour d\’Assises ne va pas avoir un dossier satisfaisant au regard de la longueur et de l\’ampleur des investigations qui ont été menées.

Procès pour l\’histoire, pour la mémoire, pour le respect dû aux victimes et aux morts, ce procès risque surtout d\’être un procès alibi, assurément copieusement médiatisé, pour rappeler sans doute qu’aujourd’hui l’on ne craindrait plus rien et que cette époque serait à présent révolue ?

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